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MPADI BENIT PATRICE EMERY LUMUMBA : QUAND L'INGRATITUDE PAYE

26 Mars 2011 , Rédigé par Lucas Publié dans #RELIGION ANCESTRALE

Il y avait arrêt de travail au sein de la brasserie Polar de Kisangani. les travailleurs avaient organisé une grève par laquelle ils réclamaient une augmentation de salaire. A cette époque-là, où la colonisation gérait le Congo et réprimait de la manière la plus brutale tout mouvement taxé de porter atteinte à son pouvoir, il en fallait bien une chasse à l'homme pour déterminer les auteurs de cette grève. En fait les travailleurs exigeaient qu'il soit ajouté ne fût-ce qu'un franc à leur salaire.

Et Lumumbu fut accusé de promoteur de ce soulèvement, car, avec ses convictions d'humanisme qui le caractérisaient, il ne pouvait pas supporter le sous-paiement dont étaient l'objet les travailleurs de la société Polar.

Avec la création de son Mouvement National de Congolais en 1958, Lumumba se donne les prérogatives de participer à des conférences entre anti-coloniastes organisées à l'étranger et de retour au pays, revêt la soutane de l'évangéliste qui harangue de nombreuses foules en leur parlant de la parole divine, avec tous ses bienfaits, cachée dans le seul mot "indépendance".

Il fut purement et simplement arrêté et dirigé sur la prison d'Elysabethville.  

En ce moment donné, il se trouvait au sein de cette maison carcérale, l'un des plus grands hommes de l'histoire congolaise et pourquoi pas africaine qui y était conduit par  l'injustice, la barbarie et la haine coloniales du colonisateur belge.

Il s'agit du Patriarche Mpadi Simon Pierre Kembu-dia-Nzenza-va-Kintete Beredenengu Mumvuma T.TA.T., arrêté avec tous ses fidèles en relagation en pleine forêt équatoriale pour avoir marché sur le pas de Kimbangu, c'est-à-dire, sur la voie de la réhabilitation de l'église de nos ancêtres. Ne dit-on pas qu'un peuple sans culture est un peuple mort et qu'il n' y a d'indépendance politique sans qu'il n' y ait d'indépendance spirituelle ?

 

Quand les deux prisonners , Mpadi et Lumumba finirent par se connaître et eurent à se parler sur le sort du congoalis, en particulier, et de l'africain, en général, ils s'accordèrent que tous deux avaient les mêmes convictions, les mêmes objecifs relatifs à la liberté politique, spirituelle, économique, don à l'accès  à l'indépendance de l'homme noir.

On se trouvait donc devant deux hommes différents : un politicien, en la personne de Lumumba, et un homme de Dieu, un Patriarche, en la personne de Mpadi.

Politique et religion devaient donc faire route ensemble, comme dans l'ancien temps où les rois se conformaient aux dires et aux prophéties des hommes de Dieu.

 

Le Patriarche Mpadi assura Lumumba de sa libération immédiate pour aller participer à la Table Ronde sur le Congo qui se déroulait en Belgique. Mpadi instruit Lumumba de ne prendre que sa malette vide et que tout le reste, il le trouvera dans sa chambre d'hôtel, à Bruxelles. Il lui dit que c'était le bon moment que notre Dieu avait choisi pour libérer son peuple et Dieu utilisera sa bouche pour parler lui-même aux conférenciers, tant belges que congolais.

"Va,lui dit Mpadi, n'aie pas peur, tout se passera bien, tu verras et sache que mon Dieu est avec toi. Moi, je reste en prison mais je sais que d'ici-là, je vais en sortir. Alors, dès ton retour au pays, la première des choses que tu auras à faire,c'est de me localiser et me rencontrer pour te fixer sur le programme à suivre quant à la bonne conduite du pays."

 

Lumumba s'envola pour Bruxelles. Y prononça un discours fracassant qui sema la surprise totale dans l'auditoire. Le succès était là, palpable. Ce discours ne prônait rien d'autre que l'acquisition de l'indépendance de l'homme noir qui apparaît comme la ligne de séparation d'avec ce régime colonial imbu d'injustice, d'exploitation esclavagiste, de discrimination, bref de manque d'humanisme. C'est comme le passage de la mer rouge qui mit fin à l'esclavagisme au pays d'Egypte sous le joug duquel croupissait le peuple d'Israël. Ainsi, devait s'ouvrir une vie de paix, de liberté, vécue dans toute justice.

 

Lumumba, aigri par le succès recolté à la Table Ronde, ne tint plus compte de  tout ce qui s'était dit entre lui et l'homme de Dieu, le Patriarche Mpadi Buka Makengo Nsuka. Quand l'on ne respecte pas les engagements pris avec un homme de Dieu, eh bien, l'on se condamne sans le savoir, à marcher sur un chemin brouillé, indécis, malaisé. Dieu tourne le dos à ce genre de personnes, et l'on recolte ce qu'on aura semé.

 

Aux élections législatives qui se dérouleront au mois de juin 1960, le Président élu avait peu de chances pour arriver à occuper le fauteuil suprême du fait que son parti, l'Abako, ne pouvait pas faire tête au MNC-L. Mon père me raconte que ce jour-là, tous les ressortissants de la province du Bas-Congo étaient comme en deuil, ne sachant le sort que leur réservait le déroulement des élections. Si l'on ne fait pas attention, c'était la perte du pouvoir, et celui-ci sera remporté par les bangala (les habitants de la province orientale), donc Lumumba et consorts.

Le nom du Patriarche Mpadi fut évoqué dans l'arène présidentielle. C'est lui, le seul, qui peut, en sa qualité d'homme de Dieu, faire renverser la vapeur. Une voiture fut dépéchée pour aller chercher le Patriarche au quartier Pinzi de la commune de Yolo, où il rrésidait après sa sortie de la prison d'Elysabethville.

Dans la chambre de sa maison de Kasa-Vubu où il accueillit le Patriarche, le président lui expliqua la situation désespérée qui se dressait devant lui, lui, l'incarnation de tout le peuple Kongo, rassemblé au sein de la structure Abako.

Le Patriarche s'adressa à Kasa-Vubu en ces mots : "Nani uku zayisi vo ngeye n'konga wena ?, comme pour dire : "Qui vous a dit que vous ête nu ?" Et il lui promit que tout ira pour le mieux. Tous les Membres de l'Eglise des Noirs en Afrique furent invités à accomplir une prière pour la circonstance.

Et ce 24 juin-là, aux heures de midi, comme me le raconte mon père, un vacarme de tonnerre se fit entendre sur toute l'étendue de la capitale. Contre toute attente et l'étonnement et la joie se lisant sur tous les visages, Joseph Kasa-Vubu venait de remporter les élections.

Joseph Kasa-Vubu aussi, comme Lumumba, avait oublié, en devenant président de la république du Congo après les élections, tout ce qui s'était dit entre lui et le Patriarche sur un programme à suivre pour que le Congo puisse marcher sur le chemin lui tracé par le destin.

L'ingratitude paye, disions-nous. Et la suite est connue.

 

Le Président Mobutu, lui aussi n'est pas en reste. Dans mon enfance, je revois mon père me dire que Mobutu était nuitamment aller visiter le Patriarche dans sa terre sacrée de Ntendesi, aujourd'hui Songa-Ntela, située entre la localité de Luila (Wolter) et la mission de Sona-Bata, à près de 80 à 90 km de Kinshasa. Que s'était-il dit entre les deux hommes ? Personne ne le sait. Mais force est de reconnaître que Mobutu n'est pas cet homme qui désirerait marcher sous les conseils ou directives d'un Homme de Dieu dans l'exercice de son règne. Mobutu était parti et gratifia l'Eglise d'un don de quelque cinq millions de zaïres. Il était parti pour toujours.

 

A chaque fois qu'il y avait des rencontres avec les premières autorités du pays, le Patriarche évoquait toujours la problématique de la signature de la personnalité civile, document devant mettre l'Eglise des Noirs en Afrique dans ses pleins droits, car n'exerçant que sur un simple arrêté ministériel. Dailleurs, c'est pour le même document en quelque sorte qu'il se présenta devant l'autorité territoriale coloniale à Madimba, en 1939, pour obtenir la restauration de l'église de nos ancêtres bafouée. Et ce 1939 là, fut le début de l'enfer pour les membres de l'Eglise des Noirs en Afrique.

 

Ni l'autorité coloniale belge, ni le Président Joseph Kasa-Vubu, ni le Président Joseph-Désiré Mobutu, personne n'accorda la personnalité civile à l'Eglise des Noirs en Afrique. Le dossier était enfoui sous d'autres dossiers inutiles.

Seul, le libérateur, Mze Laurent-Désiré Kabila, reconnaissant la personnalité suprême de Simon Kimbangu, dont il ne se gêne pas de citer son nom dans nombre de ses adresses au peuple, seul donc Mze Laurant-Désiré Kabila, avait eu ce courage, cette disponibilité d'esprit à signer ce document. Donc, plus de 60 ans après l'introduction du dossier. Que son âme repose en paix.

 

Lucas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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